Guns and Fangs

Aris pestait contre la malchance...
Il faisait nuit, il était dans un quartier mal famé et pas moyen de se trouver une cible convenable!
Celui la était accompagner, celui c'est un clodo...Il parcourait du regard les ruelles et les impasses, mais rien!Il donna un grand coup de pied dans un clebard qui trainait la avant de passer par sa ruelle "coupe gorge" preferée...

-Bordel de sa *censuré*!Y a pas un clampin pour se faire detrousser ou quoi...

Il tourna a droite, pour se retrouver dos a nez avec un imbécile isolé.
Un sourire carnassier se dessina sous le masue carmin du jeune homme qui tira son glock de sa poche.Il approcha lentement, et cala l'arme au creux du dos de l'inconnu.

-Vous savez, même dans les grandes villes modernes, il est dangereux de se balader seul la nuit...

Il avança une main vers sa proie tout en ricanant.

"... Un terrible accident qui a causé la mort de 3 personnes et fait 32 blessés, donc 12 graves. La police a ouvert une enquête pour déterminer..."

La télévision s'éteignit. L'homme affalé dans son canapé miteux soupira, comme s'il était exaspéré.

"Pauvres mortels... Y'en a qui meurent chaque jour, et à chaque fois ça passe aux infos..."

Le personnage, d'apparence jeune, mais dont la lueur des yeux reflétait une volonté implacable qui ne pouvait être celle d'un jeune homme, tendit le bras pour attraper le paquet de cigarettes qui trainait sur la table basse sur laquelle il avait posé ses pieds. Il prit la dernière clope et jeta le paquet derrière lui, sortit un briquet en argent gravé et alluma le cancer en papier. Il tira quelques bouffées, qui ajoutèrent de la fumée à la celle déjà présente, qui ne pouvait sortir de l'espace clos du petit appartement, puis se leva avec souplesse.

Après s'être étiré, l'homme se dirigea vers sa chambre et sortit de sa table de chevet moisie un ensemble de fiches nominatives. Un grand nombre de ces fiches étaient barrées d'un trait rouge sang, et Cliff les sautait rapidement, s'interessant uniquement aux autres. Il s'arrêta enfin sur une feuille qui semble l'interesser. Une photo était fournie, ainsi qu'un tas d'informations sur la personne en question. Le vampire tira une longue bouffée de sa cigarette et l'écrasa contre la moquette, sans même l'avoir fini. Il garda ladite fiche et rentra les autres à leur place.

Il était 21h03, et le gangrel partait en chasse.

Il errait.
Comme d'habitude.
La ville et sa grisaille succédait aux couleurs de la campagne. Sur sa droite, un panneau indiquait :

LOS ANGELES

-Un ange de la mort arrive, alors. Priez, et voyons voir si votre Dieu est à la hauteur...

Les lumières de la ville donnaient une vie factice aux buildings, et les étoiles ne se reflétaient même pas dans les vitres.
Des nuages accouraient pour couvrir la lune et obscurcir le ciel. Mais les lampes électriques ne perdraient pas pour autant de leur intensité.

Emmanuel K. avait faim, et il savait ce qu'il devait faire pour y remédier.

Chasser...

Un pied après l'autre, il entra dans la cité des anges, suivi par son ombre qui s'agrandissait à l'approche des premiers lampadaires.

Cloc... Cloc... Cloc...

Le bruit sourd des pas dans la ruelle sombre et étroite résonnait étrangement le long des hauts immeubles hantés de familles miséreuses. Ce bruit régulier, obsédant, couvrait même pour les cerveaux les plus impressionnables, le bruit beaucoup plus ténu mais continuel de la pluie qui, à cette époque de l'année, faisait le quotidien des angelenos.

Cloc... Cloc... Cloc...

L'homme emmitoufflé dans un long imperméable luisant d'humidité longea une poubelle, projetant une ombre inquiétante sur le mur alors qu'un éclair s'abbattait au loin, éclairant brièvement la scène. Mais l'homme demeurait imperturbable.

"Eh, m'sieur !"

Une flamme de rage traversa fugitivement le regard de la silhouette, qui fit volte face en un clin d'oeil, main droite sur la crosse d'un de ses Desert Eagle, prêt à abattre froidement un éventuel gêneur.
L'intrus était un clochard. Un pauvre clodo métis, d'un âge avancé, vêtu de vêtements mangés aux mites, trempé jusqu'aux os malgré le grand carton frappé du logo Samsung qui lui servait d'abri de fortune. Clifff se relâcha et rabattit son imper sur son pistolet. Il regarda le pauvre clodo avec curiosité.

"M'sieur, z'auriez pas une clope ?"

Cliff resta, immobile et silencoieux, debout devant le clodo, jusqu'à ce qu'un nouvel éclair vienne à nouveau le tirer de son apparente rêverie. Intérieurement, il se battait avec la bête quii sommeillait en lui. Ce n'était pas la proie de ce soir. Il ne souhaitait pas lui faire du mal.
Cliff sortit son paquet de Marlboro et en sortit deux, il en tendit une au métis, qui lui rendit un grand sourire quasi-édenté, et il put alors sentir l'haleine fétide du bonhomme. Heureusement qu'il était déjà mort, sinon il n'aurait pas pu supporter une telle ouanteur.

"Merci m'sieur, z'auriez du feu avec ça ?"

Le gangrel sortit son briquet tempête, l'ouvrit et l'alluma. La douce flamme éclaira les deux visages rassemblés autour d'elle. Les clopes s'allumèrent, et chacun tira quelques petites bouffées pour maintenir les faibles braises.

"'fait moche, hein, m'sieur ? Pas un temps pour sortir de chez soi... Remarquez, moi, dedans ou dehors de chez moi, c'est preil, hein ?"

Cliff acquiesca doucement, sans piper mot, sinon un grognement peu engageant. Le clodo comprit qu'il était temps de rentrer chez lui, lâcha un dernier sourire et se retourna.
C'est le moment que choisit le vampire pour saisir, en une fraction de seconde, un couteau automatique. Le temps que le petit vieux entende le clic du cran d'arrêt, la lame lui entrait déjà sauvagement en bas de la colonne vertébrale, remonta en arrachant sur son passage, peau et muscles, ripant contre les vertèbres. Puis vint le deuxième couteau, qui rentra comme dans du beurre dans son bide surgonflé par la malbouffe, fit son trajet et déversa les entrailles sur le pavé trempé. Enfin, la morcure du métal contre la chair à vif disparut, et, dans un dernier râle, le clodo mourit avant que ses genoux aient atteint le sol.
La bête l'avait remporté sur l'homme, une fois de plus.
Puis...

Cloc... Cloc... Cloc...

Sa victime prévue n'allait pas attendre toute la nuit...

Aris marchait tranquillement vers son squatt, n'en revenant toujours pas de sa chance...
Il s'en était mis plein les fouilles en une seule fois; mais aussi, qu'elle veine de tomber sur un frico perdu en ville...

-Jvais ptetre passé au rad' avant de rentrer...Hum...Tiens!Encore un pigeon!

De la ou il était, il ne voyait qu'un grandd type a l'air sombre, qui marchait sous la pluie...
Ce genre de gars qui s'ycroyait avec leur grand manteau le faisait marrer...
Le jeune vérifia le chargeur du 9mm: six balles encore.

Il se mit a suivre "discretement" sa victime, et dès qu'elle passa sous un lampadaire defectueux,il accelera le pas pour venir caler son arme dans le creux du dos du passant, en ressortant son éternelle phrase.

-Vous savez M'sieur...Même dans les grandes villes modernes, il vaut mieux ne pas se promener seul...

Cliff s'arrêta, l'air las, puis osupira profondément. Il se demandait si le minot qui le suivait allait finir par l'aborder. Cependant, le gangrel était surpris que ce soit pour l'agresser, c'était une chose qui lui arrivait extrêmement rarement, pour ne pas dire jamais. Le vampire porta la min à sa bouche, tira une longue bouffée de nicotine, et expira longuement, sans rien dire. Il commençait à avoir vraiment faim, mais sa proie restait insaisissable du moment que des blaireaux l'empêchaient de tracer son chemin.
Cliff jeta sa clope à moitié consumée un peu plus loin, et se décida enfin à parler :

"Je suis bien d'accord... Et encore, on est pas à Watts ici, une chance !"

Il se retourna et afficha son air le plus carnivore, Aris aurait presque pu affirmer que l'homme avait eu, un instant, une tête de loup, mais les hommes n'ont pas des têtes de loup ! Cliff jaugea le gamin. Un pauvre gosse perdu, mais pas trop mal armé...

"C'est un joli flingue que tu as là. Un colt M1911, je crois. Pas pour les types de ton âge..."

Pauvre gosse, s'il savait ce que j'en pense, de son flingue...

"Allez, je suis pressé, alors je te file une clope et tu me laisse me casser sans que j'aie à te montrer mon attirail. J'ai pas de sous à te passer, mais y'a un clodo, là bas, peut être que tu pourras le piller, il dors."

Cliff pointa du doigt la poubelle à côté de laquelle il avait laissé le cadavre sanguinolent du SDF. Simple méchanceté de sapart, le gamin avait pas du voir beaucoup de massacres dans sa vie... Et encore, c'est dommage qu'il n'ait pas eu un pote nosferatu sous la main !

Aris restait betement sur place...Ce type se foutait de sa geule ou quoi?
Il serra les dents sous son masque,et redressa son arme au niveau des yeux de ce blaireau.
Ilne supportait pas qu'on le rabaisse,même si ce type avait pas un rond, il allait lui meuler sa grande geule!

-Serieusement la!Tu te prends pour qui tocard?

Il abaissa violament son masque, l'air furieux.

-Retiens bien ce visage bouffon, et ce nom surtout:Aris! Le nom et le visage de celui qui va te faire bouffer tes couilles par le nez!

Une déflagration seche retentit dans la ruelle.

Le bruit métallique de la douille qui tombe sur le solgris et humide résonna longuement, puis vint un deuxième bruit, très semblable, sans pour autant être le même : le bruit de la balle qui tombe et rebondit. Cliff prit une inspiration très profonde. Tout à coup, il ressentait tout avec une acuité extrême. Le bruit de la pluie, les gouttes qui tombaient sur son trench en cuir, l'odeur de la poudre, mélangée à l'humidité. Il y avait un léger brouillard, fréquent lorsque l'orage s'éloignait de LA. Au loin retentit un enième coup de tonnerre. Les doigts du vampire s'activèrent, comme au ralenti. Un coup de vent souleva la masse hirsute de cheveux blonds. Plus que s'il avait été en vie, Cliff se sentait vivant !

"Aris... Je ne retiendrai pas ton nom, mais je retiendrai sans doute ton visage avec cette expression de terreur propre aux êtres humains", affirma t'il lentement, en détachant bien les mots.

Une grimace passa sur le jeune visage du vampire, ses yeux brillèrent férocement, puis un hurlement abominable surgit de sa bouche, un cri qui semblait sans fin, inhumain et puissant. Aris vit, sous ses yeux éberlués, l'homme qui se tenait devant lui avoir des spasmes, sa peau se tordre et se distendre, tandis qu'il tombait à quatre pattes sur les pavés. Un museau surgit, puis des griffes, et des poils remplaçaient petit à petit le trench. Des poils tout aussi hirsutes que la chevelure de celui qui se tenait là auparavant.

Mai, à présent, le voyou se tenait face à un loup d'aspect cauchemardesque, une sorte d'abberration génétique. Le corps rachitique, les yeux rouges, des dents jaunes et acérées, la bête avait un souffle saccadé et bavait abondamment. Elle se jeta sur Aris et roula avec lui sur quelques mètres, griffant l'air et les déchirant la chemise rouge. Des trainées sanglantes apparurent sur le débardeur, les dents cherchaient un chemin vers les entrailles du ganger.

Mais, tout à coup, et aussi vite que le coup était parti du 9mm, le loup s'arrêta. Il huma l'air, ses pattes avant lourdement appuyées sur le torse de l'humain, et hurla longuement, comme en réposne au hurlement qu'avait poussé l'homme quelques secondes plus tôt. Puis, dans un souffle, l'animal fit volte face et disparut à l'angle de la rue : Il DEVAIT trouver sa proie, avait juré la conscience ténue du vampire dans le corps bestial.

Emmanuel traversait les ruelles sombres, les épaules trempées de pluie. Ses cheveux dégoulinaient le long de son cou, et la sensation des gouttes froides lui coulant dans le dos lui donnait l'illusion de froid, qu'il n'avait quasiment plus connue depuis sa renaissance...
Il aimait bien la pluie.
Il aimait bien le froid.
Et il aimait tuer!

L'odeur du sang. Cette odeur chaude et presque métallique que, tel un requin, il repérait à des mètres à la rondes était présente dans l'atmosphère. Il redressa la tête, et laissant la pluie lui couler le long du visage et mouiller son col, il huma l'air.

L'oxygène s'engouffrant dans ses poumons lui envoyait aussi de minuscule dose de molécule odorante. Ses yeux, petit à petit, prirent la couleur du sang non oxygéné : mauve profond, pourpre aux reflets noirs... Ses iris s'agrandirent et finir par ne plus laisser de place au blanc.
Sa bouche était pâteuse alors qu'il avançait de plus en plus vite vers l'émetteur odorant. Le sang était encore chaud, et coulait abondemment. Emmanuel n'avait plus qu'à espérer ne pas tomber sur un groupe de vampire en train de s'abreuver...

Il tourna à gauche dans une ruelle et tomba nez à... ce qu'il en restait. Un pauvre hère gisait là, baignant dans son sang encore chaud. Il ne ressemblait plus vraiment à un humain, mais cela importait peu. Seul le sang comptait pour Emmanuel lorsqu'il se pencha et se mit à aspirer vigoureusement le liquide vital de celui qui était déjà réduit à l'état de cadavre dépecé.

(Edit:Milles excuses ^^')

Aris se releva avec difficulté...Il ne comprenanit rien, a part qu'il avait mal, et que ses fringues étaient foutues...
Il se remit sur ses pieds, pestant contre ce type "chelou", et ramassant son masque et son arme.
Le jeune garçon avança en boitant pour rentrer chez lui,mais en tournant dans la ruelle du vieux Jim' il vit le malheureux clodo baignant dans son sang, un homme étrange penché sur lui.
-Et merde...Encore un tordu!

Il leva son arme vers le tueur et lui lanca:

-Hep enfoiré!Qu'est ce que ce qu'il ta fait ce clodo pour que tu le charcute comme ça hein?
T'est un putin de loup comme l'autre connard?

Il sourit amerement a ses propres mots, fixant l'assasin.

Tout occupé à son festin, Emmanuel ne prenait pas garde aux bruits l'environnant.
Ce n'est que quand l'inconnu l'interpela qu'il releva la tête.

-Je n'ai encore charcuté personne, mon ami.
Il mit toute sa voix dans son charme, n'ayant pas encore pu jauger des capacités de son interlocuteur. Il l'entendait résonner dans la ruelle. Emmanuel aimait bien sa voix de baryton, un beau médium, teinté de basse, mais restant malgré tout très claire.
-Je me contente de prendre la place du vautour. Une telle brutalité ne conviendrait pas à ceux de ... mon clan. Ca porte la marque d'un...
Puis, réalisant à l'odeur qu'il parlait à un mortel, il s'interrompit.
-Pars, je ne porterai que malheur à quelqu'un comme toi. Pour cette nuit, c'est terminé, mais quand je vois cela, je te conseille d'éviter les ruelles la nuit. Ce ne serait pas très très prudent.
Un sourire narquois s'étira sur ses lèvres minces. Il inspecta plus avant le jeune homme qui se tenait devant lui.
-De plus tu es vêtu de guenilles. Allez, rentre chez ta mère, tu risquerais de prendre froid.

En terminant sur ces mots, il salua le jeune homme, lui serra la main, et au contact chaud de la chair humaine sur sa peau de glace, il ne put empêcher ses yeux de passer par un reflet rouge sang, un reflet de tueur qui se dissipa en un instant.
-Pas maintenant, j'ai eu ce qu'il me fallait pour aujourd'hui, se murmura-t-il à lui-même.

Une fois l'étranger parti, Aris recouvrit le corps du vieux Jim' vaec un grand carton, et rentra finalement chez lui, après avoir plus ou moins bien bader ses blessures, il s'installa sur le canapé et alluma sa vielle télé, les keufs avaient déjà retrouver le corps dit donc...
il repassa lentement la soirée dans tête...Et il s'arreta finalement sur le mots du second type, il avait parler de clan...Il venait de mettre le pied dans un putain de merdier,mais bizzarement il avait envie de s'y enfoncer d'avantage...Sans doute pour retrouver ce putain de loup et ce putain de suceur de sang...
il regarda sa montre...23h, bof autnt aller dormir de suite...
Il déploya son "clic-clac" et s'endormit, hanté par des rêves de vautours et de loups géants.

Le poil trempé par la pluie battante, les oreilles envahies par le bruit des sirènes de police qui passaient à quelques rues de là, Cliff galopait pendant ce temps, jusqu'à son objectif.

Au coeur d'un quartier de HLM gris et froids, l'immeuble dans lequel vivait sa cible devait être parmi les plus décrépis qu'on puisse trouver dans tout Los Angeles. La proximité du quartier de Watts était peut être pour quelque chose aux impacts de balles de gros calibre qui striaient les murs avec un régularité presque déconcertante. Si l'on s'attardait, l'on pouvait peut être même voir des restes de sang délavé sur les poubelles en vieux plastique noirci.

Mais le vampire ne prêtait pas attention à ce cadre pourtant inquiétant : Petit à petit, dans moults gémissements, le corps du loup disparaissait, laissant place au jeune homme blond qu'avait croisé Aris un peu plus tôt. Pur réflexe, Cliff s'ébroua, tel la bête monstrueuse qui l'avait amené jusqu'ici, puis leva les yeux vers les étages supérieurs. Il était tard et la grande majorité des volets étaient fermés. Le gangrel fit un faible sourire.

Comme si ça pouvait vous protéger...

Aussitôt, la pluie redoublant autour de lui, il sauta contre le mur et entreprit d'escalader la façade, ce uqi n'était pas dur au vu des aspérités qui ornaient le vieux mur pourri. Bientôt, il atteignit une terrasse qui abritait tant bien que mal une série de plantes jaunies par la pollution et deux chaises pliantes. D'un bond souple, Cliff atterrit sur le sol et referma d'nu geste sec son trench. Enfin, il alluma une clope et s'approcha doucement de la porte fenêtre, qu'un simple rideau lourd séparait de la pièce principale.

Un instant plus tard, le rideau traversa la pièce, au même moment que le tonnerre grondait, au beau milieu des débris de vitre. Derrière, assis à un table à manger, s'affairant à piquer des pâtes avec une fourchette en mauvais aluminium, un homme d'une trentaine d'années mais déjà dégarni, ouvrait des grands yeux derrière des lunettes aussi rondes que son visage.

"Que... Que... Qui êtes vous ?"

Cliff se tut, tira une bouffée en faisant un tour d'horizon, et entra d'un pas assuré. Sa cible tira de sous la table un taser, et menaça la vampire :

"N'approchez p... pas ! Je... Je suis prêt à f... faire f... feu si né... nécessaire."

D'un bond, Cliff fut sur lui, lui tordit le bras en le forçant à se lever et à lâcher son arme.

"Il est de sombres secrets..."
"Quoi ? C'est..."
"Des choses qui se cachent dans l'ombre, et ce meurtre..."
"C'est mon article que vous récitez !"

Il y eut un silence, puis :

"Oui, affirma Cliff. Un fort bel articile, trop proche de la réalité à mon goût, heureusement que vous êtes trop pitoyable pour attirer l'attention sur vous."

L'homme suait à grosses gouttes et affichait un rictus grotesque.

"C'était... C'était vous ?"
"Oui, c'est moi qui ait tué ce type, et presque ainsi que vous l'avez décrit. Mais maintenant, c'est votre tour, vous ne ferez pas d'erreurs d'appréciatio ndans votre prochain article..."
"Non ! Pitié ! Pit..."

Le cri du journaliste retentit, tandis que les canines acérées du vampire entraient profondément dans sa jugulaire, transperçant muscles et tissus. Le sang afflua vers sa bouche, faisant rougir le tapis et les lèvres de l'agresseur, qui ferma les yeux en ressentant la vie entrer en lui.

Une poignée de secondes plus tard, qui sembla être une éternité aux yeux de la victime dont le visage se vida, la mort venait chercher John McPonty, journaliste dans un magazine minable. Puis, il y eut une étincelle, et puis une flamme, et, sans un regard derrière lui, Cliff sauta du balcon tandis que le feu nourri au gaz de cuisinière ravageait l'appartement. Le vampire sourit. Il était enfin rassasié, pour le moment...

Sous la pluie battante, Emmanuel marchait.
Il s'arrêta non loin d'une bouche de métro. Habitué, il ne prenait pas garde aux gens qui se retournaient sur lui. Il s'engouffra sous la terre.

Lorsque le métro fut passé, il le suivi de près, se mit à courir derrière. Dès qu'il eut aperçu une sortie de secours, il s'y glissa. Il n'ouvrit pas la porte, mais grimpa dans les tuyaux, et se dérobant ainsi aux regards indiscrets qu'il pourrait y avoir, il se laissa aller à penser à sa vie de chasseur errant, qui n'aimait rien d'autre que de faire souffrir, et pourtant avait encore évité de tuer aujourd'hui...

Sur ce, il sombra petit à petit dans ce qui pouvait ressembler au sommeil, mais un sommeil de vampire.

Il attendait la nuit suivante.

La nuit suivante à peine arrivée, Emmanuel s'extirpa de la bouche de métro et se mit à flâner dans les rues. Il repassa à côté de l'endroit où il s'était rassasié hier, aujourd'hui fermé par des banderoles de police.

-Tsss, pauvres hommes...

Il se détourna de la scène du crime et partit à la recherche de sa prochaine victime.

Cliff avait passé toute sa journée dans son appartement, au milieu des cadavres de bouteille, de la poussière et de la puanteur animale qu'il dégageait. Affalé de nouveau devant sa télé, il s'était endormi devant une série à l'eau de rose après avoir vidé sa dernière cannette de bière.
Soudain, dans un grincement léger, la porte s'ouvrit. Un pied botté de cuir entra sans un bruit, puis un deuxième. La silhouette sombre s'avança à pas feutrés, puis la porte se referma dans le même grincement agaçant. Le visiteur se dirigea sans se presser vers le canapé dans lequel se tenait le gangrel. Lorsqu'il fut suffisamment proche du canapé, elle fit enfin claquer ses talons sur le parquet.
Je t'ai entendu arriver, Anaëlle.
Ladite Anaëlle afficha une moue indéchiffrable puis s'avança devant le vampire.
Je ne te crois pas. Tu caches ta surprise, c'est tout. C'est pas comme si tu t'attendais à ce que je passe.
Cliff détailla la visiteuse. Elle était grande, brune et svelte. Ses cheveux raides lui tombaient au niveau des hanches, recouvrant une partie de son visage gracieux quoique hautain. Elle avait des grands yeux verts, mais qu'elle prétendait être bleus. Elle était habillée d'une jupe longue serrée et d'un corset, tous deux noirs, et portait également de longs gants de cuir noir.
Effectivement. Je n'attend rien de personne, de toutes manières...
Elle le coupa :
C'est bon, tu ne vas pas me sortir ton discours habituel sur ta solitude, je suis au courant, depuis le temps.
Le gangrel retint sa colère. Une grimace hargneuse passa sur son visage, puis il reprit une expression de marbre.
Et si tu me disais plutôt la raison de ta venue.
Elle vint s'asseoir à ses côtés, tandis qu'il enlevait différentes bouteilles du canapé et repoussait les coussins éventrés.
-Hum... C'est joli, chez toi.
-Eh ! Oh ! Je m'en fous de ta vie, alors active !
-Je m'en serai doutée... Tu te souviens d'Irvin ?
Cliff sembla réfléchir un instant.
Irvin, le petit geignard pourtant assez doué qui bossait chez Sony ?
Anaëlle opina du chef.
-Oui, celui-là même. Retrouvé crevé chez lui la nuit dernière.
-Ca me fait une belle jambe. C'est Darwin, je l'aimais pas, j'en ai rien à foutre.
La jeune femme soupira.
Tu as tort. Il est mort d'une manière... Étrange... Enfin, sans doute pas à tes yeux. On a retrouvé des morceaux de ses tripes un peu partout dans la pièce. Ne parlons pas de l'état de son enveloppe...
Cliff saisit son paquet de clopes, en proposa une à son invitée, qui refusa d'un geste poli, puis s'en alluma une.
-Et alors ?
-Ca pourrait être ton oeuvre, mais tu ne te serais pas rabaissé à boire le sang d'un vampire que tu méprisais tant. Du coup, on sait pas trop qui ça peut être.
-"On" ? Qui ça, "on" ?
-Moi... Et d'autres.
Cliff ferma les yeux et tira une longue bouffée de tabac.
Waw, ça m'informe vachement.
Anaëlle se leva d'un mouvement souple et pourtant sec, puis le domina de toute sa hauteur pour continuer :
La communauté vampire s'inquiète de tels comportement. Ils ne te disent rien car tu t'attaques rarement aux vampires, et puis c'est vraiment dans ta nature -je veux dire, c'était déjà en toi avant ton étreinte.
Cliff tiqua. Il leva les yeux vers elle.
Tu as vu grand-père, hmmm ?
Anaëlle opina du chef.
Il m'a aidé à te trouver. Depuis que tu es parti, je suis resté à ces côtés presque tout le temps. Je suppose que tu ne veux pas de ses nouvelles.
Cliff ricana.
En effet, ça ne m'intéresse pas. Si tu n'as rien de plus important à dire, tu peux partir, je ne te retiens pas.
Il se leva et partit dans sa cuisine sous le regard médusé de la visiteuse, qui lui cria alors qu'il mettait de l'eau à chauffer :
Alors ? Tu fais aussi partie de cette communauté, que tu le veuilles ou non ! Il y a quelque chose qui empiète sur ton domaine, et tu t'en fiches ? Que feras-tu quand il viendra te chercher ? Quand il viendra me chercher ?
La voix calme de Cliff lui répondit de la cuisine :
Ah... Ces femmes, toujours persuadées qu'on se sacrifierait pour elles... Tu crois quoi ? Que parce qu'un abruti s'est fait trucider, je vais devenir le chien de la famille ?
Anaëlle reprit son calme à son tour :
-Ils pensent que c'est toi. Va les voir, dis leur...
-Et ils me croiront, bien sûr !
-Fais quelque chose, trouve le coupable.
-Et pourquoi le ferai-je ?
-Pourquoi ne le ferais-tu pas ? Tu n'es jamais contre massacrer tes pairs. Peut être que celui-là vaut le coup, vu sa sauvagerie...
Tous deux restèrent silencieux. Dans sa cuisine, le gangrel se servait un café serré. Dans le salon, Anaëlle serrait les poings en attendant la suite.
-Qu'est ce que tu ne m'as pas dit, Ana ?
-Cliff, si je te cachais quelque chose, tu le...
-Je le saurais, ça tombe bien, tiens !
La jeune femme resta coite, puis, enfin :
Ce n'est pas le premier vampire qui meurt comme ça.
Cliff grogna.
-Ca devient intéressant... Qui d'autre ?
-Tu ne les connais pas. Trois autres. A chaque fois, éviscérés à mort... Horrible.
Cliff but son café brûlant d'un trait. Lorsqu'il reposa sa tasse, les yeux grand ouvert, les pensées défilaient à toute allure dans sa tête.
-Et pas des moindres, n'est ce pas ?
-Effectivement, l'un d'eux était un frère de grand-père.
Le gangrel repassa dans le salon, soudain survolté.
Rentre chez toi. Les rues ne sont pas sûres. J'ai des gens à voir en ville.
Anaëlle paniqua pour de bon :
-Mais... Quoi ? Explique moi !
-Non. Va t'en, maintenant !
L'invitée regarda Cliff dans les yeux :
-Cliff...
-Je sais, je sais !
Il enfilait déjà son manteau long et vérifiait l'état de ses armes.
-Fais attention...
-C'est bon, je sais, lâche moi et rentre chez toi maintenant !
Anaëlle regarda une dernière fois son père, puis se transforma en chat avant que ses larmes n'apparaissent. Le chat s'éclipsa au coin du couloir. Pendant ce temps, Cliff rechargeait ses pistolets.
Ces femmes, trop sensibles...
Puis il sortit. Des livres occultes seuls pouvaient lui donner les réponses qu'il cherchait. Ou sa mère, mais ça c'était hors de question.

Emmanuel aurait reconnu son odeur entre mille. Cette odeur bestiale, sauvage, forte et musquée. Celle de celui qui avait fait de lui ce qu'il était.
Son "père"...
-C'est lui ou moi
Il tourna la tête, et se parlant toujours à lui-même
-Il l'a tuée. Comprends moi! Toi tu n'as pas eu à vivre tout ça. Tu n'es pas tout seul! JE DOIS LE FAIRE!
Il se mit à sangloter légèrement, mais ses pleurs se muèrent rapidement en rire sadique. Il pouvait perdre, après tout, peu lui importait : il n'avait plus rien. Sa vie n'avait de valeur que par la souffrance qu'il infligeait aux autres.
-Tu me dégoûtes.
Il prit la piste de l'odeur, qui s'insinuait partout dans cette ville, comme celle d'une bête qui se cache...
-Dans les égoûts... Je t'ai trouvé
Oui. L'odeur venait surtout majoritairement des égoûts, et cela devait donc être son principal moyen de déplacement.
Emmanuel s'interrompit, se demandant assez quelle était l'étrange impression qu'il avait sans pouvoir la définir.
-Boah
Il haussa les épaules et partit à la recherche d'un endroit où il pourrait trouver des plans, des indications sur les égoûts.
-Pas question que je me salisse sans savoir exactement comment... s'expliqua-t-il à lui-même

Il partit d'un grand rire en pensant à ses projet, et à ce qu'il ferait de tout ceux qui se dresseraient sur son passage.

Cliff s'était aussitôt rendu chez Quentin. Ce dernier était un malkave passionné de littérature dont la bibliothèque pouvait faire pâlir de jalousie presque n'importe quelle bibliothèque humaine. Au milieu des romans policiers se côtoyaient, selon un ordre mal défini, livres occultes et jeux de rôles. Quentin avait une devise : "Ce que tu ne peux trouver dans les livres, n'existe pas."
Le personnage en lui même était un vieux bonhomme décrépi, arborant une poignée de longs cheveux gris incapables de recouvrir sa calvitie. Il avait des yeux très noirs, et une dentition à terroriser un dentiste. Malgré son air miteux, le malkave était d'une intelligence prodigieuse, semblait il, et avait, à ce qu'il parait, connu son heure de gloire.
Qu'est ce que tu viens foutre ici, toi ?
Sa voix était grave et éraillée, il arrivait qu'elle ne fut qu'un murmure malgré les efforts du bibliothécaire.
J'ai besoin d'aide.
Cliff s'approcha d'une étagère, caressa la tranche d'un livre de Terry Pratchett, puis saisit le Necronomicon.
Tu sais bien que j'apporte toujours mon aide à ceux qui m'expliquent ce dont ils ont besoin...
Le gangrel feuilleta le Necronomicon d'un air distrait, sans piper mot. Puis il se tourna vers le vieux vampire.
-Tu as entendu parler des meurtres ?
-Bien sûr, c'est effroyable.
Le petit vieux opina du chef en fermant les yeux.
-Alors, tu dois avoir une idée de ce qu'il se trame ?
-Qu'en penses-tu, toi ?
Cliff retourna son idée dans sa tête. Puis les mots fusèrent eux mêmes de sa bouche :
Un eviscérateur.
Le vieux eut un faible sourire, et approuva l'idée du gangrel.
Je suis arrivé à la même conclusion. Comment as tu deviné ? Sais tu ce que ça implique ?
L'autre soupira, regarda le plafond en remettant le Necronomicon à sa place, et expliqua :
Ma mère m'a appris quelques trucs là dessus. Des légendes essentiellement. Il est sorti de quelque part, invocation ou puits vers l'enfer ?
Le vieux bibliothécaire pencha sa tête en avant, et resta les lèvres serrées. Impossible de deviner ce qu'il pensait. Mais, si tous deux avaient raison, les vampires étaient en danger... Et les humains aussi.

Dinglingding... Charmante petite clochette tinta lorsque Emmanuel pénétra dans la seule bibliothèque ouverte qu'il avait pu dénicher de nuit. Un étrange petit vieux aux yeux noirs redoutables se tenait dans le fond de la boutique et parlait avec un autre qu'il ne pouvait distinguer à cause d'un rayonnage.

Emmanuel, en attendant son tour se mit à regarder la tranche des livres présents. Du tout et n'importe quoi, trié selon un ordre qu'il ne pouvait discerner... Le Zoroastre côtoyait Stephen King et Maxime Chattam. Peut-être qu'il n'y avait aucun ordre, finalement.

Le vampire saisit, malgré lui, la fin de leur conversation, qui piqua sa curiosité :
"Il est sorti de quelque part, invocation ou puit vers l'enfer?"

Dans un souffle, Cliff se figea, tel un animal à l'affût, portant la main droite à sa ceinture, d'où pendait un couteau. Deux reniflements confirmèrent ce que son ouïe lui avait transmis : Un vampire était entré.
En face de lui, le bibliothécaire le regardait avec un air de surprise mêlé de peur. Un goutte de sueur perla sur son front tandis que le gangrel analysait l'odeur qui parvenait à ses narines. Ca puait la bourgeoisie, un ventrue, à coup sûr, avec de la fibre synthétique sur le corps et un parfum d'homme aux fragrances de fleurs d'été.
Quentin pencha la tête de côté.
Quelque chose ne va pas ?
Lentement, Cliff se tourna, sortit ses couteaux et les rangea dans ses manches, en équilibre précaire. Il murmura :
Tais toi... Il y a quelqu'un...
Il ravala la bave qui s'accumulait dans sa bouche et retroussa ses babines. Enfin, se décidant, il se tourna d'un mouvement fluide vers l'homme de lettres, le braqua d'un couteau et lui ordonna dans un murmure :
Donne moi le nom d'une source. Tout de suite.
Le bibliothécaire, de plus en plus mal à l'aise, proposa :
S'il te plait, Cliff, baisse ça et attend un peu. Je m'occupe du visiteur et on en reparle, d'accord ? Mais, calme toi, pour l'amour du ciel.
Le gangrel trembla un court instant, le temps de reprendre le contrôle de la bête qui menaçait de la déborder d'une seconde à l'autre. Dans un grognement, il fit disparaitre son arme, puis se détendit, étirant ses muscles et diminuant son taux d'adrénaline. Enfin, il opina avec un nouveau grognement et se cacha derrière une étagère avant de laisser le bibliothécaire s'occuper du nouveau venu.

La libraire s'approcha d'Emmanuel.
-Bonsoir, dit ce dernier poliment. Excusez moi de vous déranger à cette heure, mais je cherche un plan des égouts. Vous auriez cela?
Le vieil homme l'écoutait à peine. Cela se voyait, il était dérangé d'être interrompu dans sa conversation avec l' "autre".
-Je m'occupe de... vermine. Et là, j'en ai une grosse, très dangereuse, qui se cache quelque part par là.
Le bibliothécaire lui donna ce qu'il voulait et tandis qu'il le poussait à moitié dehors, Emmanuel reprit à voix basse
-Je n'ai pas pum'empêcher de saisir la fin de votre conversation. Vous y croyez vous, à l'enfer?
Alors que l'homme restait muet et s'arrêtait, interdit, Kâ comprit. Depuis son entrée, une odeur le dérangeait. Mais impossible d'en deviner plus. Mais soit l' "autre", toujours caché son rayonnage, avait fait un faux mouvement, soit le vieux avait aussi son odeur, mais toujours est il que le ventrue la reconnut soudain. Une odeur aussi bestiale ne pouvait provenir que d'un
-Gangrel!
Instinctivement, il mit la main sur la crosse de son revolver, juste par prudence. Avec ce genre d'animal sauvage là, on ne sait jamais.

Dans un immense fracas, Cliff traversa l'étagère emplie de livres qui le séparait des deux autres protagonistes, envoyant des ouvrages aux quatre coins de la pièce, ainsi que des éclats de bois et beaucoup de poussière. Dans un rugissement bestial, il se tint devant Emmanuel, montrant ses canines acérées et jaunâtres. Un feu d'enfer semblait jaillir de ses yeux tandis qu'il fixait avec férocité le ventrue. Le gangrel amorça un mouvement offensif, quand il fut immobilisé net par une force invisible.
Derrière lui, Quentin suait, retenant sa respiration tout en se concentrant sur son contrôle mental de la bête en furie. Tous ses muscles étaient crispés, et la main tendue vers Cliff tremblait violemment.
Pas... Ici... Cliff...
Il relâcha son étreinte mentale et l'interessé fut contraint de faire une roulade avant pour ne pas se retrouver à terre. Lorsqu'il fit à nouveau face au bibliothécaire, celui-ci, inébranlable le pointait toujours de la main droite. Cliff exulta sa rage en un hurlement inhumain. Le vieux malkave continua entre deux respirations profondes :
Tu sais que je n'aime pas faire ça... Mais... Tu es ici sous mon toit, alors... Modère tes ardeurs, s'il te plait.
Cliff lui rendit un regard de haine pure. Quentin reprit :
Maintenant que tu es calmé, laisse moi fournir à mon client ce dont il a besoin. Si tu bouges, je ne me montrerai pas aussi clément...
Le gangrel grogna. Le bibliothécaire garda un oeil sur lui pendant qu'il cherchait dans un secrétaire Louis XIV en chêne massif ce que le ventrue lui avait demandé. Ca ne lui prit que quelques secondes, il sortit avec un air triomphant un vieux parchemin décrépi, qu'il tendit à Emmanuel.
Si tu as le temps, fais une photocopie et ramène moi l'original, j'y tiens...

Le gangrel l'avait surpris tant qu'il n'avait pas eu le temps de sortir son arme. Le libraire venait sans doute de lui sauver la vie, mais pourtant, il ne se sentait aucunement reconnaissant envers lui. Il en ressentait même une pointe d'amertume.
-Je vais faire une copie et je vous le ramène. Mais j'attendrai qu'il soit sortit, dit il en jetant un coup d'oeil dédaigneux à la brute épaisse qui l'avait attaqué, mieux vaut ne rien casser de plus.

Dehors, la pluie battante l'empêchait d'y voir à dix mètres. Emmanuel glissa la carte sous sa veste et partit dans la nuit. Deux minutes plus tard, il ne restait de lui que son odeur, délavée par l'eau de pluie.

Pour trouver un magasin de photocopie ouvert la nuit, le vampire fut obligé de descendre dans les bas quartiers de la ville. Mais il eut quand même une autre difficulté...
Alors qu'il arrivait dans une rue, une prostituée l'aborda. Et manque de bol pour elle, il n'avait pas encore dîner. Il essaya bien de la repousser au début, mais rapidement, il se laissa entraîner dans une ruelle glauque, et au deuxième étage du bâtiment grisâtre, où elle l'emmena, le lendemain il savait qu'on retrouverait un cadavre. Il la massacra. Il se prit au jeu de la demoiselle, et plantases crocs dans son artères fémorale. Il s'amusait des cris qu'elle poussait, pauvre petite créature éphémère. Il lui ouvrit le ventre, doucement, en prenant bien son temps, pour la garder le plus longtemps possible bien consciente de ce qui lui arrivait. Une fois qu'elle succomba à la douleur, il finit son jeu assez rapidement : il se contenta d'aspirer avec énergie le sang qui coulait de sa cuisse. Une fois le corps réduit à l'état de cadavre, il la projeta contre le mur, où elle alla s'empaler sur une paterre de porte manteau. Il lui prit son argent et sortit, prenant bien soin de laisser la porte légèrement entrouverte.
Il tourna encore un peu, se fit de nouveau abordé, mais sa faim était passée. Lorsqu'il trouva enfin un endroit où faire une photocopie, il était près de trois heures.
-Fuck
Sa montre l'accusant à chaque coup d'aiguille d'un retard qu'il n'aurait pas du prendre, il rabattit sa manche dessus et repartit vers le petit magasin du libraire.

[HRP]Désolé pour l'absence, je suis à l'arrache en ce moment par rapport au boulot...[/HRP]

Après le départ du ventrue, Cliff s'était calmé tant bien que mal et avait repris sa conversation avec Quentin. Il s'avéra que ce dernier n'avait aucune idée quant à l'origine de la bête. Mais le fait qu'elle fut isolée suggérait qu'elle avait été invoquée, ce qui en réalité arrangeait grandement le gangrel d'un point de vue de la facilité, s'il devait être amené à faire quelque chose.
Il retournait ses connaissances sur l'éviscérateur dans sa tête alors qu'il longeait les murs gris de quelques immeubles décrépis sous une pluie battante.
D'un point de vue physique, la créature était, à priori, un humanoïde très anguleux de grande taille, assez musculeux et surtout extrêmement rapide et souple. Un adversaire redoutable au combat s'il en était. D'après les écrits, sa peau devait être de couleur sombre, noire même, sauf son visage qui devait être blanc, tel un clown. Les rares représentations montraient également un sourire pervers et de grands yeux déments. Le doute planait encore sur le fait qu'il se déplace à quatre ou à deux pattes.
Toutes ces réflexions conduisirent le gangrel jusqu'à son appartement, dont il trouva la porte ouverte.
Aussitôt, ses muscles se tendirent, ses sens s'exacerbèrent en un éclair, et il montra les dents.
Merde, la porte grince... murmura t'il pour lui même. Grillé pour la discrétion.
D'un mouvement fluide, il tira un pistolet de son holster et tira une bouffée de sa cigarette. Puis, il se précipita contre la porte et accomplit une roulade avant qui l'amena aux côtés de son canapé, flingue brandit face à lui, clope au bec.
De toute évidence, son appartement avait été retourné de fond en comble. Le canapé fournissait la preuve qu'en fait, il pouvait être dans un état pire que celui dans lequel Cliff l'avait laissé, une armoire était renversée et défoncée avec rage, la table basse du salon était brisée, et la télévision explosée, laissant des éclats de verre dans toute la pièce. Bien sûr, la fenêtre avait laissé place à un trou béant. Sans vraiment se détendre, le vampire approcha et regarda la rue, une dizaine de mètres plus bas.
Dans un soupir, il se retourna et se permit d'explorer sa cuisine et sa chambre, qui étaient dans un état pire que le salon. La personne qui était entrée ne faisait pas dans la discrétion, pour sûr !
Soudain, il sentit un picotement dans sa nuque. Un courant d'air anormal qui ne pouvait venir que d'une anomalie dans son environnement. Il se tourna d'un geste brusque, pointant son canon dans le vide. La présence était partie. Pas l'adrénaline. Cliff hurla. Il hurla un cri de défi bestial, un cri qui résonna dans les rues avoisinantes, mais un cri qui aurait voulu aller bien plus loin, là bas dans les égoûts, là où des Nosferatus pouvaient peut être le renseigner sur ce qu'il voulait... S'il voulait bien les affronter...