Salut !
pas facile de proposer un extrait (le livre fait près de 400 pages). En voilà quand même un, petit, lorsque mon héros Thédric découvre la monture sur laquelle il va voyager aux 7 Tours. Bonne lecture !
" Sans un mot, la mine renfrognée, Erghonte me conduisit de l'autre côté de la place, vers une sorte de vaste grange où étaient installées des écuries d'un genre un peu spécial. Il y régnait une odeur de fauve et de ruminant mêlée. Quant au bruit, on se serait cru dans une ménagerie aux dimensions du salon de l'Agriculture. Dans de robustes cages nous attendaient deux montures sellées, aussi magnifiques qu'effrayantes. D'apparence paisible, on eût dit de loin des chevaux, à robe rousse pour l'une, grise pour l'autre. Leur tête et leur corps évoquaient bien ceux d'un équidé terrien, mais à y regarder de près, ces bêtes se distinguaient singulièrement de nos craintifs compagnons de promenade. Leurs yeux, ombrés de fortes arcades sourcilières, scintillaient d'une l'intelligence de prédateur. Ils en avaient aussi les dents acérées. Leurs jambes n'étaient pas pourvues d'un sabot, mais d'une robuste patte velue à trois doigts, dont chacun était armé d'une énorme griffe en bec de perroquet. Ces étonnantes créatures me rappelèrent un bronze exposé au musée du Louvre, représentant un hippogriffe , animal fantastique mi cheval mi griffon.
– Ils sont... beaux ! m’extasiai-je.
– Savez-vous monter ? me demanda mon guide.
– Oui, les poneys du club équestre de Longchamp, répondis-je en plaisantant pour dégeler un peu l'ambiance.
C'était une boutade, puisque je savais très bien tenir en selle. Il valait mieux d'ailleurs, car ces chevaux-là étaient des équineds, carnivores dotés d'un tempérament de fauve ! Pour parvenir à les dompter, il fallait montrer autant d'autorité que de subtilité. Je ne manquais ni de l'une ni de l'autre, mais en la circonstance, je me demandais comment j'allais m'y prendre. Ergonthe me confia l'équined gris, sans une recommandation, tandis qu'il grimpait avec agilité sur le roux qui manifestait une joie évidente. C'était d'ailleurs assez amusant de voir ce puissant carnassier piaffer comme un cheval, balancer la tête de bas en haut et éternuer d'excitation !
Alors que je m'apprêtais courageusement à monter en selle, mon coursier tourna la tête vers moi pour me regarder. Je crus lire dans son œil une lueur d'espièglerie en rien rassurante. Le message était clair : j'avais intérêt à être à la hauteur... "