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Ce n'est pas la fin. Ce n'est même pas le commencement de la fin. Mais c'est peut-être la fin du commencement. A vous de continuer l'histoire...
 
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 Être humain

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Waznard
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Waznard


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MessageSujet: Être humain   Être humain Icon_minitimeMar 24 Aoû 2010 - 18:40

Là-haut, au Ciel, vivaient toutes sortes de farfadets célestes dont les humains se piquent à croire qu’ils les protégeaient. Sur les nuages et sur les hautes montagnes – où tout autre endroit susceptible de causer des hallucinations – on murmurait avoir entraperçu des anges.
Des anges.
Êtres célestes dont la grâce de la gestuelle n’avait d’égal que leur beauté divine. La légende voulait que de blanches ailes à la symétrie parfaite pouvaient les porter dans le firmament tel l’avait ardemment souhaité Icare. Ils étaient gardiens, messagers, soldats ou encore vengeurs, et nul ne pouvait se mesurer à eux dans leurs arts. Ils émanaient du divin, ils étaient des anges.
Mais comme l’a prouvé le tristement célèbre ange déchu et ses infâmes partisans, il n’est aucun ange à l’abri de la damnation, de la déchéance ; de ramper comme un humain. On aime à penser qu’ils ont une volonté propre sans pour autant ressembler aux hommes.
Dites-moi à présent, de quoi est fait le quotidien d’un ange ? Batailler contre le mal ? Venger le Tout-Puissant ? Garder un humain qui lui est cher ?
C’était en tout cas le sort qui était réservé au jeune Gabriel, – si je puis me permettre d’employer le terme « jeune » - un être tourmenté à qui le céleste destin n’avait pas encore trouvé de vocation, d’espoir. A dire vrai, Gabriel était désespéré et se languissait de la « vie » que le Créateur lui avait donnée ; il voulait partager les émotions humaines qu’il aimait observer en se penchant du royaume des cieux. Les joies, les amours et l’ataraxie qui pouvaient se faire très forte chez ces simples êtres de chair et de sang.
Il voulait descendre… et ce malgré le doux avertissement de son Père qui lui effleurait les oreilles. Il n’y prêtait plus attention, à l’instar du Malin il y a de cela des éons.
Lâchant prise, espoir et la totalité de ce qui le retenait ici, doucement, Gabriel chu.

Le vent. Le vent lui fouette le visage. Cette puissance invisible lui cingle l’épiderme. Pour la première fois de son existence, Gabriel doit faire un effort ; il ouvre ses paupières. Il voit ; cette piètre palette de couleur à la disposition des hommes. Il entend ; l’homme était-il donc sourd à ce point ? Il sent ; l’odeur de l’épais smog méphitique qu’il traverse en ce moment, plié à la loi de la gravité. Il ressent ; ce même vent qui se faufile dans tous les endroits possibles de son être, ses tympans qui hurlent sous la douleur, ses sinus écrasés sous la pression, sa cavité buccale asséchée par la chute.
En revanche le récent homme ne dit rien ; il avait tenté d’hurler, forcé par la peur dont il était submergé pour la première fois, mais très vite, ses jeunes cordes vocales avaient cédé, trop fragiles qu’elles étaient.
Souffrance, vertige, peur, Gabriel choit.
Puis il atterrit.

L’eau. L’eau ne lui fait pas bon accueil. Cette force adipeuse tente de pénétrer en lui par tous les moyens possibles. Poussé par la panique, Gabriel agite ses nouveaux membres aux muscles si chétifs. Mais la Terre qu’il voulait tant approcher ne lui offre aucune pitié, aucune compassion.
Il n’y en a jamais eu, ici bas.
Plus lentement mais sûrement, Gabriel continue sa chute dans l’élément liquide. L’eau est noirâtre, les rares animaux qui ont survécus à la main cupide de l’homme n’en sont que devenus fous, touchés par la démence de l’humain. La roche est tranchante et recouverte d’immondices et de charognes. Tout est hostile à Gabriel. L’océan n’a rien de bon.
Alors que des coraux effilés ont traversé sa chair pour mettre à nu son âme, alors que la roche lui ouvre l’enveloppe charnelle et qu’un flot de douleur le noie davantage que l’eau, une main se referme sur son bras meurtri. Le changement de pression lui vrille la boîte crânienne.
Douleur, angoisse, pression, Gabriel dérive.

A la surface, son gosier s’ouvre de lui-même pour capturer un maximum d’oxygène pour son corps. La respiration ne se fait pas systématique ; Gabriel doit se concentrer pour pourvoir son corps d’air en suffisance. Une air imprégnée du mazout d’immondes navires, un oxygène écœurant qu’il est obligé d’ingurgiter pour vivre.
Vivre, songea Gabriel, ça ce n’est pas vivre.
C’est un homme qui l’a tiré des griffes de la Terre. Alors qu’il vocifère de rudes paroles bien plus fortement qu’il n’est nécessaire, Gabriel tente d’en reconnaître la langue. Mais il n’y arrive pas, ce désagréable bourdonnement de décibels qu’il reçoit de force dans ses oreilles l’empêche de se concentrer.
Sans le vouloir, il est extirpé de la mer et lourdement lancé sur la passerelle d’un navire. Le choc est sourd, le sol est froid, les hommes ne comprennent pas. Les hommes ne comprendront jamais dans quel malheur ils vivent. Ces hommes hurlent autour de lui. Peut-être lui parlent-ils normalement ? S’agissait-il de ça, le langage humain ? Une incessante logorrhée vrillant les tympans d’autrui ?
Les humains recouvrent Gabriel d’un pan d’une bâche froide d’une couleur grisâtre. Les habits dont jadis l’ange d’antan était fasciné d’observer lui sont aujourd’hui agressifs, inconfortables. Ils ne le réchauffent nullement.
Sans rien comprendre, Gabriel est touché, emmené au travers de l’odieuse machine de meurtre, exemple navrant de l’imagination néfaste de l’être humain. Il est jeté dans une cabine, glacial et obscur. Il ne comprend rien.
Son enveloppe de chair se fait lourde, il n’a aucune liberté, son âme est continuellement compressée par les turpitudes de la paralysie permanente du corps humain ; il ne peut que se mouvoir sur la terre ferme ou courir un bref instant.
Exaspération, panique, incompréhension, Gabriel ne bouge plus.

Les jours ont passés et Gabriel découvre la haine, la colère, la bestialité humaine dont il peut faire preuve si facilement et sans scrupule. Il recouvre sa voix mais ne peut que lâcher d’inintelligible sabir typique d’un nouveau-né. Chaque jour, de la nourriture lui est apportée : des déchets que la Terre délivre contre son gré après s’être fait dûment labourée ou des atrocités crées par la seule folie de l’homme. Gabriel n’avale rien. Larmes et pleure s’ajoutent bientôt à son quotidien. Gabriel a honte de ce qu’il est devenu.
Tout ce qu’il souhaite à présent, s’est partir d’ici. S’en aller. Monter.

Il ne sent plus le perpétuel amour dont il était inondé lors de son existence d’avant. Il n’y a finalement rien à ressentir, ici. Cela l’empli de rage. Il frappe tantôt sur les parois métalliques avec ses maigres bras. Il délivre l’effrayante quantité de haine que l’humain peut contenir partout autour de lui, il crache, il vocifère. Il est révulsé par chaque once de matière qui compose la Terre. Il conspue les hommes qui l’entourent, il les maudit. Eux et cette planète de souffrance et de violence.
Comment peuvent-ils vire ici ? S’aimer ici ?
Haine, colère, doute, Gabriel appelle son Père, il regrette de toute son âme l’erreur qu’il a commise.

Après une semaine de refus de l’essence même de la Terre. Une fois avoir fait cessé les atroces souffrances de son estomac, ne rien avoir avalé, Gabriel parvient à s’échapper du bas-monde. Il se sent quitter son corps d’homme, s’élever dans le monde spirituel.
Enfin.
Quitter ce monde, c’est bien la seule chose qu’il a aimée en tant qu’homme.

***

Amicalement, Waznard.
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Dyrm
Dragon de l'ancien temps
Dyrm


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MessageSujet: Re: Être humain   Être humain Icon_minitimeJeu 9 Sep 2010 - 20:32

Sincèrement, j'adore!
Je te conseillerais même de chercher à te faire lire un maximum (c'est un nouvelle très courte, certes, je ne sais même pas si on peut vraiment parler de nouvelle). Je suppose qu'elle tient sur une page A4, alors franchement, continue dans ce style là. J'adore : c'est un peu glauque, assez fantastique, et surtout très poétique.
Si tu en réécris des pareilles, j'irai lire avec le plus grand plaisir.

Amicalement, Douyn
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http://yurididion.wordpress.com
 
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