Dans une forêt calme, seul vestige du passé glorieux de la paix et de la nature, un Janah, être étrange aux pouvoirs mystérieux, venu de l'est, s'abreuve au bord de la rivière, eau pure et fraîche qui étanche sa soif du a une course de plusieurs jours. De son existence antérieure il ne se rappelait de rien, seulement des trois dernières journées chaotiques. Il fut poursuivi par des gens de son espèce, protégé par des hommes, les Notah: fameux chevaliers du temple de lumière. La confusion régnait comme un épais manteau de nuit dans son esprit. La créature tentait de mettre de l'ordre dans ses pensées alors qu'il se restaurait, mais un sifflement de flèche le sorti brusquement de son état pensif et le bruit fracassant d'un homme tombant le fit se retourner. Un garde Janah était étendu à quelques pas derrière lui, une flèche logée dans la gorge et un gargarisme écœurant traduisait sa mort. Encore un sifflement et un autre guerrier s'écroula à son tour. Le Janah, guidé par son instinct se leva rapidement et couru, derrière lui d'autres gardes s'élancèrent. L'un d'eux succomba, au bout de quelques foulées, se traînant à terre et agonisant une flèche dans le cœur. Le fugitif exténué puisa dans ses dernières forces dans l'espoir de distancer ses poursuivants, malheureusement ses efforts furent vains. La course était tellement hasardeuse que le fugitif ignorait totalement où il allait. La poursuite s'acheva au pied d'une falaise abrupte, cet obstacle semblait infranchissable. Empli d'un profond désespoir, il fit face et tira sa lame, n'ignorant pas l'issue fatale de ce tragique combat.
"Rend toi rebelle et nous t'offrions une mort rapide. Regarde! Tu n'as aucune chance, nous sommes six et tu es seul!"
Un sifflement ponctua cette phrase rendant le silence à son auteur. Une voix grave et lourde retenti d'un buisson au sommet de l'escarpement rocheux:
"Vous faîtes erreur soldats, vous êtes cinq et il n'est pas encore prêt pour la mort!"
Un homme de taille moyenne bondit de sa cache et chut devant le fugitif agenouillé. C'est un guerrier en armure de cuir blindé que la créature de l'Est découvrit. L'arc et le carquois dans le dos, une lourde épée à deux mains scintillante de mille feux, l'homme se redressa lentement laissant transparaître une grande assurance. Une brise légère souleva sa chevelure qu'on devinait blonde malgré la crasse. Lorsque cet instant, pendant lequel le temps semblait suspendu, prit fin, un soldat se jeta sur le guerrier mais le tranchant du mystérieux sauveur le pourfendit avant qu'il n'ai eu le temps de réaliser son erreur.
"Qui est le suivant? demanda t-il d'une expression atone"
"Tu oses défier la Garde de la Régence misérable! Que tu périsses pour ton audace!!!"
Alors trois autres assaillants s'élancèrent, une parade suivi d'un puissant coup latéral porté à hauteur de leurs gorges suffirent à les faire taire à jamais. Le survivant détala, horrifié par cette sanglante démonstration de supériorité, mais un jet de dague l’arrêta douloureusement dans sa fuite lui arrachant un court cri de souffrance. Il lui est maintenant impossible de se relever, le guerrier sanguinaire le bloquait au sol avec son pied et récupéra l’arme en la tournant dans la plaie, meurtrissant un peu plus sa victime. L'homme s'abaissa et chuchota à son oreille:
"Tu vas mourir comme les autres, enfin pas tout a fait, tu va mourir comme un lâche: je vais briser tout tes membres, tu ne pourras plus bouger... la nuit tombera dans moins d'une heure, la blessure qui te saigne et ton immobilité feront de toi une charogne parfaite..."
Aussitôt l'homme s'exécuta en lui brisant méthodiquement les membres dans des craquements insoutenables. Les cris de la victime exprimaient une douleur insondable. La besogne achevée l'homme se releva et se retourna vers le fugitif, laissant derrière lui un corps mutilé et agité de sanglots. C'était avec le visage maculé de sang que le guerrier avançait tranquillement en direction du Janah, un cruel sourire de satisfaction aux lèvres. Le regard gris et sévère du guerrier renforçait la crainte et la méfiance qui emplissaient le fugitif. L'homme essuya ses armes d'un chiffon déjà souillé et le passa également sur son visage. Toute armes rengainées, il avança et tendit la main.
"Boulvaih chasseur du temple Notah de la lumière, nous t'avons recueilli et soigné. Je suis dorénavant chargé de ta protection jusqu'à la frontière d'Irka. Relève toi, la route est longue et la nuit va bientôt tombée"