La jeune fille et le neko [Pv Raviel]

Miyoki rentrait chez elle à pied depuis le collège, seule, comme tous les jours. Elle portait son uniforme de collégienne et faisait virevolter sa jupe grâce à sa démarche sautillante. Perdue dans ses pensées, elle traversait le parc Ueno. Soudain, elle vit un magnifique chat noir qui trottinait à ses côtés. Elle écarquilla les yeux de ravissement et s’exclama :

-Salut, toi !

Elle s’accroupit et caressa le félin, qui se mit à ronronner.

-T’es trop chou, toi ! Pourquoi tu me suis comme ça ? T’as perdu ton maître ? Ou alors il était méchant avec toi ? Oh, peut-être que t’es un chat de gouttière !

Le chat cligna des yeux à chaque question de la jeune fille, comme s’il était perplexe face à son débit de parole. Elle se redressa comme si elle avait eu une idée de génie.

-Ca te dis de faire le tour de parc avec moi ? Je t’achèterai à manger si tu veux.

Miyoki souriait de toutes ses dents et sautillait presque sur place.(il lui en faut peut pour qu’elle soit contente).

Le regard de Miyoki s’arrêta sur le marchand de glace. Ses yeux s’illuminèrent. Elle adooooorait les glaces ! Elle jeta un œil à son nouveau compagnon : il s’était assis face au marchand et contemplait les glaces, les yeux aussi brillants de gourmandise que ceux de Miyoki. Elle s’adressa au chat, tout sourire :

-T’as l’air d’avoir envie d’une glace, toi aussi !

Le regard que lui lança le chat confirma son impression. Elle eut un petit rire et s’adressa au marchand :

-Bonjour monsieur ! Je voudrais deux glaces : une fraise-citron-vanille-chocolat-poire-banane et… (elle baissa les yeux sur le chat, puis dit : ) une deuxième identique !

Le marchand leva un sourcil, mais ne fit aucun commentaire et servit les glaces monstrueuses dans deux grands cornets. Miyoki le paya et prit les glaces, jubilant.
Elle regarda le chat :

-On va s’assoir pour déguster ça !

Ils s’assirent sur un banc. Elle posa délicatement une des glaces à côté de son nouvel ami.

-Bon appétit !

Et elle attaqua joyeusement le cornet géant. Quel délice !
Le chat renifla plusieurs fois, comme méfiant, mais commença à lécher et sembla y prendre goût.
Soudain, un garçon d’une vingtaine d’année se campa devant eux et fit sursauter Miyoki. Ses cheveux étaient coiffés en brosse, il avait des piercings un peu partout. Miyoki fronça les sourcils. Il avait l’air d’un caïd. Il fit un sourire narquois :

-Elle à l’air bonne ta glace, petite ! Je peux y goûter ?

Il tendit la main.

Taki dégustait avec joie sa glace en compagnie de la jeune fille lorsqu'une personne aux allures ménaçantes fit son apparition. Il le fixa de ses deux yeux félin, tout en sortant ses griffes. Il sauta au sol pour faire face au garçon en pestant. Celui-ci ricanna puis donna un coup de pied vers lui. Taki fit un bond en arrière pour esquiver le coup. Le garçon s'approcha alors de la fille pour prendre sa glace.

Dans un coup de sang Taki foncea vers le garçon se transformant en un rien de temps, une fois forme humaine prise il attrapa le poignet du garçon. Il ne fut surpris mais ne comprenant pas la situation il tenta de frapper au visage le jeune homme aux oreilles de chat. Taki esquiva sans peine le coup puis d'un mouvement sec dévia l'attaque pour enchaîner sur un coup de poing bien placé. Sous l'impact l'assaillant fit un tour sur lui même pour tomber face contre terre. Il se releva alors puis partit en courant l'air appeuré.

Taki observa le garçon s'éloigner avant de porter à nouveau son regard vers la jeune fille. Elle semblait surprise, honteux, il se retourna puis fit demi tour tout en baissant la tête. Il dit tout simplement d'une voix faible presque inaudible :

"Je suis désolé..."

Il s'avancea alors d'un pas rapide vers la foule, voulant s'y glisser pour disparaître...

Le chat se transforma en humain sous les yeux ébahit de Miyoki. Sa surprise et son effroi furent tels qu’elle resta sans voix (pour une fois). Le rapide combat se déroula comme dans un rêve. La jeune fille n’eut même pas le temps de réagir que l’humain aux oreilles de chats lui murmura des excuses et partit précipitamment.
Miyoki se leva brusquement comme sous l’effet d’une brûlure et fit un pas derrière son sauveur.

-NON ! Attends !

Il ne se retourna pas. Miyoki courut à sa hauteur et lui tira la manche, le forçant à s’arrêter. Le jeune homme semblait avoir honte et fuyait son regard. Elle le força à la regarder dans les yeux. Cet échange ne dura quelques secondes, mais une drôle de sensation avait envahit les deux jeunes gens. Une sensation de compréhension, presque d’intimité.
Miyoki sourit chaleureusement et dit :

-Merci. Qui que tu sois, tu es quelqu’un de bien.

La jeune fille s’étonna elle-même de ses propres paroles, qu’elle avait prononcée avec toute la sincérité dont elle était capable et qui semblaient tout droit sorties d’un film. Elle dévora le jeune homme du regard, attendant sa réaction.

Taki entendit la voix de la fille l'interpeler mais il décida de ne pas s'arrêter jusqu'au moment où il sentit quelque chose le retenir. Il s'arrêta alors faisant face à la fille. Il tourna la tête pour fuir son regard mais celle-ci le forca gentillement à le regarder. Il resta figé, plongé dans son regard. Il n'entendit même pas ce qu'elle avait dit. Il était complètement absent, troublé. Il finit par articuler :

"Je... Euh... Désolé vous n'étiez pas censée voir cela. Je crois qu'il est préférable pour vous que je ne vous fréquente pas. Les... personnes de mon espèce ne sont pas bien vues ici."

Il lui fit un bref sourire géné puis secoua la tête comme pour chasser ce moment de son esprit. Il ne voulait pas s'attacher à elle, bien qu'elle semblait être fort gentille, il ne voulait pas la mettre en danger. Il devait vivre caché, c'est ainsi qu'était sa vie. Il s'éloigna un peu d'elle alors ses mains s'attardant sur les siennes... Il se retourna alors puis sortit de la foule pour se diriger vers une petite rue. Là il s'asseya sur un petit carton pour lever les yeux au ciel. Il voulait prendre un peu de répit avant de retourner vivre sa vie de chat.

Le jeune homme s’éclipsa, laissant Miyoki hébété et au bord des larmes. Elle sentait encore le contact léger de sa main sur la sienne. Pourquoi la fuyait-il alors qu’il l’avait sauvé quelques instants plus tôt ? Il avait l’air si gentil ! Elle se tortura un instant l’esprit : il n’avait peut-être pas envie de s’enticher d’une morveuse comme elle, elle l’avait vexé en le dévisageant comme ça, …
Elle réalisa soudain que cet homme … n’en était pas un ! Il était passé d’une forme de chat à une forme de jeune homme en un clin d’œil ! Et même sous sa forme d’homme il avait des oreilles de chat !
Bizarrement, Miyoki ne ressentit aucune peur à cette pensée. Elle se sentait plus légère, même joyeuse. Elle se sentait rassurée par l’existence de telles personnes. Ses rêves d’enfant prenaient forme ! Elle avait toujours crut en un soupçon de magie dans le monde. Et là, un homme-chat venait de la sauver ! Son cœur se remplit de joie à l’idée qu’il existait des protecteurs, des sortes d’ange-gardiens.
Elle se redressa et chercha son sauveur dans la foule. Elle l’aperçut au loin, tournant dans une petite rue. Elle se précipita dans sa direction, mais le perdit de vue. Elle tourna au coin de la ruelle, et le vit, assit sur un carton. Elle s’arrêta à bonne distance, le temps de reprendre haleine, même si les battements de son cœur ne ralentissaient pas. Elle prit une inspiration et s’avança.
Pour la première de sa vie, elle bafouilla, confuse :

-Je … euh … tu … enfin … (elle souffla et se reprit) Tu ne m’as pas dit ton nom.

Taki était plongé dans ses pensées lorsqu'il sentit une odeur agréable s'approcher. Il reconnut l'odeur de la jeune fille. Il souria légèrement amusé et touché. Il la regarda alors et suite à sa question lui dit :

"Je me nomme Taki. Enfin c'est ainsi que l'on m'a toujours appelé. Et toi?"

Il afficha un sourire amical sur son visage. Il voulait apprendre un peu à la connaître, il espérait juste ne pas être dérangé pendant ce moment de quiétude. Il la trouvait fort jolie, il cherchait en elle de ses yeux de chats ses qualités et ses défauts. Un vieux réflexe qu'il avait acquis dans la rue. Mais il n'insista pas, pour une fois il voulais accorder sa confiance et apprendre à la connaître. Après tout, voilà fort longtemps qu'il cherchait un maître. Mais avant toute chose, il devait être digne d'elle et pouvoir entrer en union avec elle. Il la laissa alors continuer, un sourire sincère et tendre affiché sur son visage.

Miyoki fut à nouveau absorbée par les yeux bleus de Taki. Elle avait l’impression qu’il la scrutait jusqu’aux tréfonds de son âme. Bizarrement, elle n’en fut pas gênée et ne rougit même pas. Le sourire de Taki lui donnait confiance. Comment une personne souriant comme ça pouvait lui vouloir du mal ? Mais elle sentait une certaine réserve chez le jeune homme.
Tout en s’approchant, doucement, comme si elle ne voulait pas l’effrayer, elle lui dit :

-Taki ? C’est joli comme nom ! Moi c’est Miyoki Aizawa.

Elle s’assit à côté de lui. Il la regardait toujours, avec son sourire chaleureux et son regard bleu. Pour une fois, Miyoki ne savait pas quoi dire. Les mots étaient coincés dans sa gorge. Finalement, elle réussit à articuler la première chose qui lui passait par la tête :

- Euh…t’as aimé la glace de tout à l’heure ?

Ses joues rosirent. Elle disait vraiment n’importe quoi ! L’émotion, sans doute…

Il souria suite aux paroles de la jeune fille et lui dit d'un ton calme et rassurant :

"Enchanté Miyoki. Voilà un fort beau nom, à l'égal de votre visage."

Il répondit ensuite à sa deuxième question qu'elle eu peine à poser :

"Oui, bien que j'aurais aimé que nous puissions en profiter en calme. Les rues ne sont plus sûr de nos jours... J'espère par ailleurs que tu n'as rien."

Il observa d'un regard silencieux la jeune fille, essayant de repérer une quelconque blessure mais en vain. Il souria alors rassuré. Il l'observa, la dévisageant, comme admiratif. Il savait qu'il n'avait pas le droit d'aimer un humain mais il les enviait. Il aurait aimé être lui aussi totalement humain. Ses deux oreilles se baissèrent alors lentement comme pour marquer sa tristesse. Il dit alors, après un long silence :

"Dis moi Miyoki. Que fais tu dans la vie? Enfin si je peux me permettre de te demander cela."

Il croisa les mains tout en l'observant, attendant sa réponse.

Miyoki rosit encore plus au compliment de Taki. Ce jeune était vraiment adorable ! Elle aurait aimé lui dire qu’elle le trouvait très beau, lui aussi… Mais bien sûr elle garda ça pour elle.
Elle le rassura quand à ses blessures. Ca lui faisait plaisir qu’il s’inquiète pour elle.
Quand il lui demanda ce qu’elle faisait dans la vie, elle répondit :

-Je suis au collège, en 3ème… Mais ce n’est pas très intéressant.

Elle détourna le regard.

-C’est pour toi que je m’inquiète ! A cause de moi tu as dû te battre, et je ne t’ai même demandé si tu n’as rien !

Mais apparemment le jeune homme semblait en pleine forme.
Un silence s’installa. Une question brûlait les lèvres de Miyoki, mais elle ne savait pas si son sauveur allait se vexer ou pas.

-Tu sais … je sais pas si tu veux m’en parler, mais… Enfin, si tu veux pas c’est pas grave, je comprend très bien… Est-ce que tu pourrais m’expliquer … enfin … qu’est-ce que tu es, exactement ? Tu es à la fois un chat et un humain !

Elle sentit immédiatement le trouble de Taki.

-Surtout ne croit pas que je te considère comme un animal, ou un monstre ! Bien au contraire, je m’intéresse à toi parce que … parce que je me sens… proche de toi, voilà.

Miyoki pria de tout son cœur que Taki prenne dans le bon sens de ses explications laborieuses.

Il l'écoutait avec attention. Lorsqu'elle revint sur ce qui s'était passé tout à l'heure il ne pût s'empêcher de sourire et dit tout en regardant ses mains :

"Oh je n'ai rien, je suis plutôt résistant, enfin..."

Il souria légèrement géné, il n'avait pas vraiment de mérite. Lorsqu'elle aborda la question concernant sa transformation soudaine il se leva en silence tout en la regardant d'un air calme. Il reprit alors en un instant sa forme féline. Il s'asseya face à elle et dit tout en restant en forme de chat :

"Et bien tu peux dire que je suis en effet un homme chat, enfin en quelque sorte... On nous appelle d'habitude sous le nom de Neko. Enfin peu importe..."

Il reprit alors forme humaine. Il s'asseya à nouveau auprès d'elle, faisant battre ses jambes dans le vide. Il avait les yeux levés au ciel, les idées ailleurs. Il s'arrêta alors et dit tout en la regardant :

"Oh j'ai une idée. Tu veux peut être que je te faisse voir quelque chose. Mais pour sa j'ai besoin de ta confiance, rassure toi, c'est sans danger. Alors, tentée?"

Il lui tendit la main tout en souriant en attendant une quelconque réponse.

Miyoki retint à grand peine un cri de stupeur quand Taki se transforma en chat et lui parla. Elle écarquilla les yeux, émerveillée. Un Neko … elle n’avait jamais entendu parler de tels êtres, à part peut-être dans des histoires pour enfants. La jeune fille avait mille questions à lui poser sur les Neko et sur lui, mais tout s’emmêlait dans sa tête et elle ne savait pas par où commencer.
Lorsqu’il lui tendit la main, un soupçon de doute et d’inquiétude dura exactement une fraction de seconde. Elle avait confiance en Taki, elle savait qu’il ne ferait rien qui pourrait lui nuire. Rayonnante, elle saisit la main du jeune homme. Elle sentit sa poigne à la fois ferme et douce, et elle eut à cet instant la certitude que rien ne pourrait lui arriver. Elle dit d’une voix douce :

« Je suis tentée. »

Il répondit à ceci d'un simple sourire. Il l'approcha alors de lui puis s'abaissa afin de la soulever du sol. Celle-ci surprise passa ses bras autour du cou de Taki. Il regarda alors en l'air avant de sauter d'un bond sec et fort, libérant une petite couche de poussière sous ses pieds. Il atterissa dans un bruit lourd sur le toit. Là il se redressa et regarda aux alentours. Il pût alors apercevoir le bâtiment qu'il souhaitait visiter. Il serra fermement mais sans lui faire mal Miyoki et lui dit d'un ton calme :

"Accroche toi bien, sa ne sera pas long."

Il sauta alors de toit en toit, en allant à une allure assez soutenue, la force d'un Neko était non négligeable. Leur habilité et leurs réflexes de chat étaient aussi fort utile. Une fois arrivé près du bâtiment il s'accroupissa légèrement puis d'un mouvement sec se propulsa en hauteur afin d'atterir sur le toit de l'énorme bâtiment qui se tenait face à eux.

Il déposa alors délicatement Miyoki et lui dit tout en affichant un sourire :

"Voilà, c'est une des plus belles vues que je connais."

Il montrait d'une de ses mains la vue, le bâtiment était assez haut pour donner une vue d'ensemble sur la plupart de la ville. On pouvait voir les différentes rues ainsi que les différents magasins. A cette heure les lumières étaient toutes allumées, tout ceci faisait penser à un champ de lucioles.

Il s'asseya sur le bord du bâtiment tout en fixant de ses yeux bleu le spectacle qui s'offrait à eux. Il lui dit alors avec une voix calme accompagnée d'un tendre sourire :

"Cela te plait-il?"

Miyoki, laissa Taki la prendre dans ses bras. Elle referma ses bras autour de son cou, tout en s’étonnant qu’il la soulève aussi facilement.
Soudain, il bondit en l’air et atterrit sur un toit. Miyoki poussa un petit cri. Il était décidément très fort ! Elle acquiesça quand il lui dit de ne pas s’inquiéter, mais elle ne put s’empêcher de s’agripper plus fermement à lui.
Il bondit de toit en toit. La peur de Miyoki fit place à de l’exaltation : elle avait l’impression de voler ! Un éclat de rire s’échappa de sa gorge. Taki fit enfin un saut prodigieux pour atterrir au sommet d’un des plus grands immeubles de Tokyo. Il lâcha doucement Miyoki, qui ne put s’empêcher de ressentir une petite pointe de regret.
Ils s’approchèrent du rebord. Miyoki avait le souffle coupé : jamais elle n’avait vu sa ville ainsi ! Le soleil commençait à descendre dans le ciel, et les rues étaient inondées de petites lumières électriques colorées.
Taki s’assit sur le rebord, et Miyoki l’imita avec hésitation : l’immeuble était tout de même très haut ! Une légère sensation de vertige l’envahit, et elle s’assit très près de Taki pour se rassurer. Elle contempla Tokyo, « la ville qui ne dors jamais », comme elle ne l’avait jamais fait. Malgré son vertige, elle se sentait bien.
Elle se tourna vers lui, et lui rendit son sourire.

« C’est merveilleux, Taki ! Je n’avais jamais vu Tokyo d’aussi haut ! On dirait … un champ d’étoiles ! »

Elle déposa un rapide baiser sur la joue du jeune homme.

« Merci de m’avoir fait découvrir ça. »

[hrp : La ville qui ne dort jamais c'est New York x)]

Il était auprès d'elle, l'esprit perdu dans l'océan de lumière qui recouvrait la ville lorsqu'elle lui déposa un baiser sur la joue. Une étrange sensation l'envahit alors et il sentit soudainement une vague de chaleur lui monter à la tête. Il resta perplexe, il n'avait pas ressenti cela depuis fort longtemps, peut être même ne l'avait-il jamais ressenti car il n'en gardait aucun souvenir.

Il resta figé un moment puis après un long moment de silence il parvint à articuler quelques mots :

"Je... Euh... Ce n'est rien..."

Ses oreilles s'abaissèrent, une gène incroyable venait de l'envahir. Il détourna le regard de celui de Miyoki afin d'observer la ville essayant de paraître le plus normal possible.

Ils restèrent ainsi pendant une ou deux heures. Après quoi Taki dit tandis que la nuit se faisait plus sombre :

"Il est tard, veux-tu que je te ramène chez toi?"

Il tourna alors ses yeux à nouveau vers elle, la dévisageant tel un enfant qui découvre une nouvelle chose de la vie. Mais ce que cela était, il l'ignorait.

Miyoki ne put s’empêcher de sourire face à la gêne évidente de Taki. Il avait beau être fort, il n’en était pas moins timide … Il n’avait pas l’air très à l’aise ! Elle regarda le beau visage du jeune homme quelques instants, puis se rendit compte qu’elle le gênait encore plus et contempla à son tour la ville.
Elle laissa s’échapper un petit soupir de bien-être. Elle était si bien, là, son bras effleurant celui de Taki, face à un champ de lumière ! La nuit commençait à tomber, ainsi que la fraîcheur. Miyoki ne put s’empêcher de frissonner. Taki dut le remarquer car il lui proposa de rentrer.
Miyoki soupira, mais cette fois ci de déception. Elle aurait voulu rester là, près de lui, à regarder Tokyo. Mais ses parents devaient déjà s’inquiéter de ne pas la voir rentrer. A contrecoeur, elle se tourna vers le Neko et dit :

-Je crois qu’il est temps que je rentre, mes parents vont s’inquiéter.

Elle se releva lentement et s’éloigna du rebord. Taki la suivit lentement et la repris dans ses bras, prêt à bondir dans les airs. Mais avant qu’il ne fasse un mouvement, Miyoki s’exclama :

-Non ! Attends !

Elle se détacha de lui, fouilla dans sa poche et sortit son portable. Elle appela ses parents, les rassura en leur disant qu’elle était chez une amie et qu’elle dormait chez elle ce soir. Elle parlementa de longues minutes, puis raccrocha en souriant : ses parents l’avait crût.
Elle se tourna vers Taki, radieuse :

-Finalement, je n’ai pas besoin de rentrer. Tu me montre les endroits que tu connais ?

HRP: j'étais persuadée que c'était Tokyo XD

Il souria face à l'attention qu'elle lui portait puis sans rien dire de plus, il la prit à nouveau dans ses bras. Il bondit alors, cette fois ci en contrebas, puis de toit en toit continuant son chemin afin de finalement atteindre un petit bar. Il s'arrêta alors pour déposer Miyoki puis lui dit tout en pointant du doigt le bar :

"Je t'offre un verre?"

Il entra alors suivit de Miyoki, elle semblait quelque peu méfiante. Il trouvait sa réaction plutôt amusante. Il alla au comptoir afin de demander à son ami, serveur dans ce bar, de venir prendre la commande. Celui-ci acquiessa puis indiqua d'un doigt une table pour deux libre. Il s'y dirigea suivit de près par Miyoki qu'il invita à s'asseoir tout en lui tenant la chaise, après tout un peu de galanterie ne tue pas se disait-il en souriant, il alla ensuite s'asseoir face à elle.

Après quoi, il la regarda dans les yeux tout en affichant un sourire rassurant et chaleureux puis dit tandis que le serveur apportait la carte :

"N'ai pas peur. L'endroit est calme et je connais le responsable. Choisis ce qu'il te plait. Je t'emènerai manger après si tu veux."

Miyoki resta un peu perplexe quand il la déposa devant un petit bar. Elle ne s’était pas vraiment imaginé ça … C’est pourquoi elle parut un peu méfiante. Mais le bar avait l’air clean et il y avait peu de monde. Elle suivit Taki sans poser de questions.
Taki lui tira la chaise pour lui permettre de s’assoir. Elle fut flattée de cette attention : non seulement il était adorable, mais en plus il était gentleman ! Son sourire était doux : impossible qu’il ait des idées derrière la tête !

-Je crois que je vais prendre un diabolo kiwi.

Taki prit sa commande et le serveur repartit. Miyoki regardait Taki à la dérobée : ses yeux bleus, ses cheveux blonds … Son regard s’arrêta sur ses oreilles, seul détail qui prouvait qu’il n’était pas humain. Elle se surprit d’avoir envie de les toucher ; mais bien sûr elle se retint. Ses questions sur les Neko lui revinrent en mémoire. Elle se décida enfin à les poser :

-Dis-moi … tu n’es pas le seul Neko à Tokyo ? J’imagine qu’il y en a plein … Comment ça se fait que personne n’est au courant de votre existence ? Vous avez des contacts avec les humains parfois ?

Miyoki se maudit : son bavardage incessant reprenait le dessus. Taki allait sûrement être ennuyé par toutes ces questions !

Il écouta en silence la question de Miyoki puis avec un léger sourire il tenta de lui répondre le plus précisement possible :

"Et bien en effet, je ne suis pas le seul. Mais nous vivons dans l'ombre... Notre unique but est de protéger nos maîtres. Voilà pourquoi nous avons était créés."

Il souria légèrement, la destinée de sa race lui avait toujours parût sinistre. Il observa Miyoki puis continua d'un air un peu plus mélancolique :

"Pour ma part je n'ai pas de maître..."

Il souria légèrement, mais pas de tout coeur, ce sourire exprimait plutôt la tristesse de ses mots. Il regarda Miyoki dans les yeux puis continua :

"Nous n'avons donc pas le droit de possèder des sentiments, outre envers notre maître, et uniquement de la confiance. Mais cela me va, je m'y suis habitué avec le temps... Mais parfois..."

Il s'arrêta net, ne voulant pas continuer, s'il venait à dire des choses révélant un point faible, il serait probablement rammené et purifié... Le serveur revint alors avec les commandes. Il déposa les verres puis s'en alla. Taki resta silencieux, ne prononcant aucun mots pendant un instant. Il finit par articuler d'un ton faible et calme :

"Désolé, je t'embête peut être avec ces histoires... Si tu as faim je peux t'ammener chez moi, je suis assez bon cuisinier selon les dires ou au restaurant, celui de ton choix. Ne t'inquiète pas pour l'argent, ce n'est pas vraiment un problème pour nous."

Miyoki écoutait avidement les paroles de Taki. Mais elle se rendit compte de la mélancolie subite du jeune homme. Son humeur à elle s’assombrit légèrement : le destin des Neko n’était pas vraiment joyeux …
Alors comme ça, ils n’avaient pas le droit d’éprouver de sentiments … Cette existence affligea Miyoki. D’une voix sincère, elle s’exclama :

-Tu ne me dérange pas du tout avec tes histoires ! Au contraire …

Elle sourit :

-Je serais ravie de goûter à ta cuisine.

Une idée lui traversa l’esprit. Son cœur battit plus fort rien que d’y penser. Essayant de masquer sa gêne, elle dit d’un ton qu’elle voulait innocent :

-Dis … comment vous faites pour devenir le Neko de quelqu’un ?

Il resta silencieux un moment puis lui dit d'un air calme et triste :

"Et bien en principe il suffit qu'il soit choisi mais bon... Je ne sais pas si c'est exactement ainsi. On ne me l'a jamais enseigné."

Il baissa les yeux légèrement tout en essayant de garder son sourire, en vain... Il changea alors de sujet afin d'apaiser sa douleur :

"Bien il est temps d'y aller, les rues ne sont pas sûr après une certaine heure."

Il se leva alors tout en aidant Miyuki puis il se dirigea d'un pas lent vers sa maison, évitant les rues trop petites afin de pouvoir assurer la sécurité de sa compagne.

Miyoki marchait aux côtés de Taki. Elle le regarda à le dérobée. Il semblait plongé dans ses pensées. Miyoki se sentit un peu honteuse d’avoir fait surgir en lui une telle tristesse. Elle repensa à ce qu’il lui avait dit. Il fallait que le Neko soit choisi … Elle se demandait comment on pouvait le choisir. Ca serait si bien si elle pouvait devenir son maître !
Mais elle réalisa soudain la portée de ses pensées. Ils auraient alors une relation maître-esclave. Elle ne désirait pas cela, et elle se doutait bien que le jeune homme non plus. Il valait peut-être mieux que tout reste comme ça …
Pourtant la jeune fille se sentait proche du Neko, depuis l’instant où elle l’avait vu trottinait à côté d’elle sous sa forme de chat. Ne pouvait-il pas y avoir d’autres liens que celui de maître et serviteur ? Elle se doutait que Taki ressentait de l’affection pour elle. Il ne l’aurait pas protégé et ne lui aurait pas montré cette vue magnifique de Tokyo sinon !
Plus elle pensait à lui, plus son cœur battait fort. Aujourd’hui, sa vie avait basculée grâce à lui ! Elle se demanda soudain si son affection, son attachement pour lui n’était pas … Miyoki secoua la tête, rougissante. Non, ça ne pouvait pas être ça !
Il interrompit ses pensées en lui posant la main sur l’épaule. Il dit :

-C’est là.

Ils entrèrent dans l'humble maison de Taki. Celle-ci n'était pas très grande, un peu modeste à vrai dire, c'était une sorte de petit studio, rien de très impressionant. Cependant tout était bien rangé et propre. Il n'aimait guère vivre dans des endroits sales.

Il invita Miyoki à s'asseoir dans un petit canapé bon marché puis se dirigea vers la cuisine. Il ramena deux verres remplient d'eau qu'il posa sur la petite table en osier située devant le canapé. Après cela il dit tout en souriant à son amie :

"Je vais préparer à manger, si tu souhaite quelque chose n'hésite surtout pas."

Il s'en alla alors dans la cuisine afin de préparer à manger. Il n'avait pas vraiment d'idées mais il voulait faire quelque chose de bon et de consistant, il voulait que Miyoki prene plaisir à manger. Il regarda ses placards tout en croisant les bras, arborant une mine réfléchie. Après quelques instants il se décida à lui faire un poulet accompagné de riz et d'une sauce blanche. Une poule au riz comme l'appellent les humains. Il se mit alors un tablier puis commencea la préparation...

Miyoki s’assit sur le canapé. Elle ne put s’empêcher de sourire en voyant Taki cuisiner avec un tablier. Alors comme ça, il savait faire la cuisine ! Mais ce garçon était parfait ! Elle lança :

-Tu veux que je t’aide ?

Le garçon répondit par la négative, mais Miyoki se leva et se campa à côté de lui. Elle lui enleva la casserole des mains, la remplit elle-même d’eau et la fit chauffer sur la gazinière. Ils se regardèrent en souriant, puis se partagèrent les taches.
Miyoki, armée à son tour d’un tablier, préparait la sauce et le riz, pendant que Taki surveillait le poulet. Miyoki ne savait pas trop cuisiner, mais elle apprit vite en suivant les conseils de Taki. Au bout d’un moment, ils n’eurent rien d’autre à faire que de regarder le tout en train de cuire.
Ils se lancèrent un regard complice, puis enlevèrent leurs tabliers et mirent la table. Une délicieuse odeur s’élevait de la cuisine. Miyoki s’exclama :

-Je sens que ça va être délicieux !