La Fin

La Fin

Carnet de Jonah Forner :

Ceci est la première page de ce carnet, que celui qui le lise, si jamais il y a quelqu’un pour le lire, le fasse avec attention, car c’est dans ce carnet que vous trouverez les réponses à la Question. Oui, vous avez bien lu, c’est dans ce carnet que vous saurez comment nous en sommes arrivés là. Si quelqu’un vit encore et trouve ce carnet, je vous en supplie, lisez attentivement. Tout ça est de notre faute. Nous avons détruit notre planète. Nous avons attiré les Choses. Je vais vous raconter l’histoire. L’histoire de la Fin telle que la connaît au moment où j’écris. Je vous en supplie, ceci est peut-être la seule trace écrite de la catastrophe, sachant que plus personne ne peut en parler. Lisez attentivement. Il y a ici tout pour que vous sachiez la vérité. Il y a des pages de mon journal intime, des paragraphes de journaux, des photos et des témoignages que j’ai recueilli et que j’ai écrit. Alors lisez attentivement. Je vais vous raconter la Fin.

Page 4 :

Tout a commencé par un matin ensoleillé d’Aout. Le 7 Aout, pour être précis, à 10H34. Je n’oublierais jamais ce jour, même après ma mort qui approche. Nous étions au lycée mes amis et moi. Enfin, nous sortions du lycée, en vérité. C’était en 2006, c’était donc il y a treize ans, à l’heure où j’écris. Je passai le portail du lycée quand une lumière m’aveugla.
« C’est le soleil qui fait ça ? » demanda un ami. « N…non. Il…il est par là ! » répondit un autre en montrant la direction opposée. Nous nous protégeâmes les yeux et nous regardâmes vers la lumière. Ce que nous avons vu, je peux vous le décrire, mais vous ne pourrait jamais l’imaginer comme c’était réellement. Le seul moyen de savoir à quoi ça ressemblait vraiment, c’est de le voir en vrai. Mes amis et moi, ce jour là, nous avons vu une colonne de lumière verte provenant de la centrale nucléaire. La colonne devint une boule qui grandit, engloutissant les immeubles et les maisons. La terre tremblait et les graviers commencèrent à flotter légèrement au-dessus du sol. Nous détournâmes les yeux car la lumière devenait vraiment insupportable. L’un de mes amis hurla. Je le voit encore, incapable de détourner ses yeux de l’horrible lumière, ses pupilles se blanchir et ses larmes couler à flots. Il eut les yeux brûlés par l’horrible lumière. Il ne vit jamais plus. Au bout d’un moment, voyant les gens courir, je demandai : « c’est impossible ! On a rien entendu ! ». Les gens dans la rue me répondirent que le son ne devait pas être arrivé à nos oreilles, la centrale étant à une bonne distance. Au lieu de courir, moi et quelques personnes nous mirent du papier et du coton dans les oreilles, pour se protéger du son qui approchait. Des gens ne voulaient pas nous occuper, nous disant que c’était ridicule. Ils avaient raison, c’était ridicule. Mais nous étions protégés. Paix à leur âme. Le bruit que j’ai entendu était tellement atroce qu’aujourd’hui, je dois porter un appareil auditif pour entendre. Imaginez ce qu’on ressenti ceux qui ne pensaient qu’à courir ! Le bruit passé. J’enlevais le coton et le papier de mes oreilles ensanglantées. C’était brûlant. Je vis un homme me crier quelque chose, mais je n’entendais plus rien. Au bout d’un moment, j’entendis un grand « pop ! » et le son revint. Mais j’entendais comme un écho du bruit qui venait de foudroyer mes oreilles. Des corps étaient étendus là, morts. Leur cœur avait dû lâcher sous l’effet du bruit. L’homme qui me hurlait dessus comprit soudain que quelque chose n’allait pas, et demanda : « tout va bien ? ». Je lui répondis que j’allais bien, et il recommença à hurler. Il disaient que le souffle de l’explosion arrivait droit vers nous, et me supplia de courir si je tenais à la vie. Alors je courus. Je n’ai jamais autant couru. Je ne me suis arrêté que pour plonger dans un fleuve qui n’était pas bouillant.

Löw.